Apprendre à se prendre un peu moins au sérieux

Christian St-Pierre

Il m’arrive parfois de lire des articles qui ne donnent pas de grandes réponses, mais qui me ramènent doucement à quelque chose d’essentiel : la manière dont on se parle intérieurement. Celui-ci, écrit par une psychologue de Harvard, m’a frappé pour une raison simple : il explique à quel point l’humour, surtout celui que l’on tourne vers soi, peut devenir un espace de respiration au lieu d’être une façon de se diminuer.

On imagine souvent que l’humour autodérisoire consiste à rire de soi, mais dans sa version la plus saine, il ne s’agit pas de se rabaisser. Il s’agit plutôt de desserrer un peu l’étau. Prendre la situation moins au sérieux. Glisser un peu de douceur là où, normalement, on se jugerait sans pitié.

Quand je lis ça, je me dis que c’est peut-être une des formes les plus simples du self-love : reconnaître ses limites sans s’y enfermer. Se voir tel qu’on est, avec nos petits ratés, nos maladresses, nos excès de sérieux, et accepter que ce n’est pas grave.

L’humour peut devenir un geste de sécurité intérieure. Un moyen de dire :

« Je ne suis pas parfait, mais je suis humain, et ça suffit pour aujourd’hui. »

Quand il allège, il fait du bien. Quand il réchauffe, il relie.

Évidemment, il y a l’autre version, celle qui pique un peu trop. Les phrases qu’on lance comme une blague mais qui, si on écoute bien, viennent d’un endroit blessé. Celles qui sonnent comme de l’humour, mais laissent un goût amer. Ce sont souvent ces moments où l’on se surprend à chercher la sympathie plutôt que la légèreté.

Et c’est là que l’article insiste : la différence se sent dans le corps. Est-ce que cette petite blague me fait sourire pour vrai… ou est-ce qu’elle me laisse un poids ? Est-ce que je me sens plus ouvert après l’avoir dite… ou un peu plus refermé ?

J’aime cette manière d’aborder les choses. Pas comme une technique de développement personnel, mais comme une façon d’être plus honnête avec soi-même. D’arrêter de se durcir. D’accepter de se voir avec un peu plus de tendresse.

Prendre la vie moins au sérieux, ça ne veut pas dire ne rien prendre au sérieux. Ça veut dire : laisser entrer un peu plus de souffle dans la relation qu’on entretient avec soi. Et parfois, ce simple déplacement change déjà beaucoup.

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