S’accepter dans son orientation sexuelle avec l’aide des huiles essentielles

Christian St-Pierre

Quand le regard des autres pèse, crainte d’être jugé, de perdre des liens, de « mal se tenir », le corps se met vite en alerte : souffle court, épaules hautes, ventre serré. L’idée n’est pas de devenir quelqu’un d’autre, mais d’ouvrir un petit espace respirable où l’on accueille ce qui monte sans se briser.

La rose rouvre doucement la zone du cœur et rappelle la dignité d’être soi. Le laurier noble pose une légitimité calme : on peut parler simple et droit. Le bois de Hô adoucit l’autocritique et remet de la bienveillance dans la voix intérieure. Le santal installe un calme habité, stable, pour tenir son axe. La cardamome, enfin, réchauffe le centre et aide à prendre sa place sans s’excuser.

Mon protocole reste minimaliste et répétable : une minute d’inhalation quand ça pince, dix à quinze minutes de diffusion pour assouplir l’ambiance, ou une trace très diluée (1–2 %, soit 1 goutte pour 5 ml d’huile végétale) sur le sternum ou les poignets juste avant un moment sensible.

Rien de magique : des gestes courts qui rendent possible un pas d’acceptation aujourd’hui… puis un autre demain.

Assez de théorie. Passons au concret : comment les utiliser, à quel moment, et quoi faire si l’on préfère une seule huile ou un duo.

1- Rose (Rosa × damascena)

Molécules clés : Citronellol, Géraniol, Nérol
Effet général : Profondément apaisant et recentrant pour le cœur ; relâche la tension émotionnelle, favorise la bienveillance envers soi et soutient un retour tout en douceur à l’équilibre intérieur lorsque le cœur est serré ou débordé.

Quand l’auto-critique mord (peur du jugement, honte diffuse, phrases dures qui tournent), la rose aide à adoucir les bords vifs : son parfum floral profond (citronellol, géraniol, nérol) est souvent perçu comme enveloppant, la respiration s’assouplit, la poitrine se déplie et un ton plus tendre devient possible pour se parler.

Concrètement : 1 goutte sur un mouchoir, 6–8 respirations lentes (≈60–90 s), ou diffusion très légère 10–15 min (3–4 gouttes/100–200 ml) ; en option cutanée, une trace diluée à 1–2 % (1 goutte d’HE pour 1 c. à café/5 ml d’huile végétale) sur le sternum avant une conversation sensible.

Mon geste : 30–60 s d’inhalation, puis écrire une phrase bienveillante qu’on aurait aimé entendre, et se l’offrir, telle quelle.

2- Laurier noble (Laurus nobilis)

Molécules clés : 1,8-CinÉole, α-Pinène, Linalol
Effet général : Clarifiant et fortifiant ; soutient une respiration fluide, renforce la confiance et la motivation, et aide à stabiliser l’esprit lorsqu’on fait face au doute ou à la surcharge mentale.

Quand il s’agit d’assumer qui l’on est face au regard des autres, le laurier noble aide à installer une légitimité tranquille. Sa note verte-aromatique redresse subtilement la posture, clarifie l’intention et donne du grain à la voix : on parle simple et droit, sans surjouer, sans s’excuser.

Ce n’est pas une huile « combative » ; c’est un appui pour dire vrai avec calme.

En pratique, une inhalation de 60–90 s suffit souvent avant une conversation délicate, une présentation ou un échange où l’on veut s’affirmer sans dureté. En diffusion 10–15 min, elle prépare une ambiance claire et posée.

En application cutanée très légère (1–2 %) au sternum ou à la nuque, elle soutient la tenue de cap dans la durée. J’évite les muqueuses et je fais un test au pli du coude sur peau sensible (présence naturelle de composés potentiellement sensibilisants comme l’eugénol). Non photosensibilisante.

Geste type : respirer une minute avec le laurier, formuler une phrase courte et vraie, puis entrer dans l’échange, voix posée, regard franc.

3- Bois de Hô (Cinnamomum camphora CT linalol)

Molécules clés : Linalol, α-Terpineol, Limonène
Effet général : Apaisant et légèrement réconfortant ; relâche la tension nerveuse, soutient l’équilibre émotionnel et apporte une tranquillité douce et claire, sans effet sédatif.

Quand l’enjeu est d’assumer qui l’on est sans se juger, le bois de Hô aide à retrouver un ton intérieur plus bienveillant. Sa note florale-boisée est douce, claire, presque tendre : elle apaise le mental critique et crée un espace où l’on peut se reconnaître sans se corriger en permanence.

Cela ne pousse pas à l’affirmation frontale ; plutôt, cela permet de rester fidèle à soi, même quand le regard extérieur pèse.

Concrètement, une minute d’inhalation aide à relâcher la tension avant une conversation délicate ou une prise de parole. En diffusion, dix à quinze minutes suffisent pour installer une ambiance calme, favorable aux échanges authentiques.

En application cutanée, une dilution légère (1–2 %) au sternum ou aux poignets peut soutenir les moments où l’on souhaite rester ancré dans sa vérité sans se durcir. Il n’est pas photosensibilisant ; en cas de peau sensible, un test dans le pli du coude reste judicieux.

Geste type : respirer avec le bois de Hô, puis formuler une phrase simple et vraie, sans s’excuser, sans se justifier, et avancer ainsi, étape par étape.

4- Bois de santal — Inde / Australie (Santalum album / Santalum spicatum)

Molécules clés : α-Santalol, β-Santalol
Effet général : Profondément ancrant et apaisant ; calme la turbulence émotionnelle, stabilise la respiration et favorise une quiétude intérieure propice au repos, à la méditation et à une douce reconnexion.

Quand il faut calme + présence (et pas l’hibernation), le santal ramène à l’axe : sa note boisée-crémeuse riche en santalols est souvent ressentie comme stable et clarifiante, la respiration descend, la poitrine se déplie, les pensées perdent leurs angles vifs et l’on peut tenir son cap avec douceur.

Concrètement : diffusion 15–20 min (3–5 gouttes/100–200 ml d’eau) ; en express, 1 goutte sur mouchoir pour 6–8 respirations lentes (≈60–90 s) ; option cutanée pour « poser » l’effet : trace diluée 1–2 % (1 goutte d’HE pour 1 c. à café / 5 ml d’huile végétale) sur sternum ou nuque.

Geste type : je respire le santal, puis je reformule ma phrase intérieure pour qu’elle soit juste plutôt que dure, une ligne simple que je pourrais dire à quelqu’un que j’aime.

5- Cardamome (Elettaria cardamomum)

Molécules clés : 1,8-Cinéole, Acétate d’α-terpinyle, Linalol
Effet général : Chaleureux et réconfortant ; soutient une respiration claire, apaise les tensions digestives et apporte une énergie calme et alerte qui aide à rétablir l’équilibre intérieur.

Dans les situations où l’orientation ou l’identité demandent de s’affirmer face au regard des autres, la cardamome apporte une assurance calme. Sa note épicée et claire réchauffe le centre, ouvre la poitrine et aide la voix à se poser : on se présente tel qu’on est, sans s’excuser, sans surjouer.

En pratique, une minute d’inhalation suffit souvent pour remettre de l’élan avant une prise de parole ou une conversation importante. En diffusion, dix minutes créent une ambiance accueillante qui facilite les mots justes.

En application cutanée, une dilution légère (1–2 %) au niveau du sternum ou des poignets accompagne bien les moments où l’on veut tenir sa place sans agressivité. Non photosensibilisante ; sur peau sensible, un test dans le pli du coude reste prudent.

Geste type : respirer avec la cardamome 60–90 secondes, formuler une phrase simple et directe, puis avancer d’un pas, clair, tranquille.

Un sel de bain botanique pour accueillir son orientation, en douceur

Pourquoi je propose des bains pour s’accepter dans son orientation

Il y a des réalités qu’on porte très près du cœur. L’orientation en fait partie. On peut la connaître depuis longtemps ou la découvrir plus tard, l’assumer facilement ou avec difficulté, mais une chose revient souvent : le regard. Le regard des autres, bien sûr, mais aussi celui qu’on pose sur soi.

Parfois, on se sent « de trop » ou « pas comme il faut ». Parfois, on a appris à se faire discret, à se retenir, à ne pas trop montrer qui on est pour éviter les remarques, les tensions, les blessures. À force, on se retrouve à vivre un peu à côté de son propre corps, comme si on n’avait jamais vraiment le droit d’y habiter pleinement.

Pour moi, le bain peut devenir un moment à part dans ce chemin-là. Dans l’eau chaude, il n’y a pas de rôle à jouer, pas de masque à tenir. Le corps est là, entier, sans spectateur. On peut relâcher un peu la garde, respirer, sentir la peau, les muscles, simplement comme une maison à soi. C’est un espace intime où l’on peut, pour quelques minutes, cesser de se juger et juste exister.

Les huiles essentielles, dans ce contexte, ne sont pas là pour « corriger » quoi que ce soit, il n’y a rien à corriger. Elles servent plutôt à créer une ambiance de réconciliation : une chaleur qui dit silencieusement « tu as le droit d’être ici, dans ce corps, tel que tu es ».

Pour accompagner l’acceptation de son orientation, j’ai choisi une synergie qui parle de tendresse, de présence et de douceur envers soi :

  • L’ylang-ylang pour poser une chaleur enveloppante, sensuelle mais bienveillante, qui aide à se sentir chez soi dans sa peau.
  • Le jasmin pour rappeler la beauté du désir et de la sensibilité, sans honte, comme une note profonde qui assume qui elle est.
  • Le géranium Bourbon pour apaiser les émotions, lisser les tensions intérieures, soutenir le cœur quand il a été trop longtemps sur la défensive.
  • La cardamome pour réchauffer doucement, remettre un peu de courage calme dans la façon de se regarder.
  • L’amyris pour ancrer le tout, relier au corps, donner ce sentiment tranquille d’être présent, bien campé à l’intérieur de soi.

Ce bain ne cherche pas à rendre quelqu’un « différent ». Il offre plutôt un climat où l’on peut s’approcher de soi sans agressivité, sans se juger, sans performance. Un espace sûr, intime, où l’on peut doucement accepter que son orientation fait partie de soi, ni défaut, ni excès, juste une vérité à habiter à son rythme.

Ma façon de fabriquer ces sels de bain

Comme pour les autres rituels, je ne travaille pas dans une logique de grande production. Chaque sel de bain botanique est fabriqué un par un, au moment de la commande. Je prends le temps de peser, de mélanger, de sentir. C’est un geste simple, mais je tiens à ce qu’il reste personnel, presque confidentiel, surtout pour un thème aussi intime.

Je veux rester sain, accessible, bienveillant. Je n’ai pas l’ambition d’ouvrir une usine ni de produire des milliers de pots. Mon intention est d’offrir quelque chose de vrai, d’unique à petite échelle, qui puisse accompagner quelqu’un dans son propre chemin d’acceptation. Quand des personnes me partagent ce qu’elles ont ressenti dans le bain, un moment de paix, un petit relâchement, une émotion qui se dépose, j’ai l’impression que ce rituel trouve vraiment son sens. Le partage, là encore, fait partie de la guérison.

Et je préfère le dire clairement : ni les huiles essentielles, ni ce sel de bain ne règlent à eux seuls les blessures liées au rejet, à la discrimination ou à la honte. Ils ne remplacent pas le soutien, la thérapie, les espaces sécurisants et les liens humains dont on peut avoir besoin.

En revanche, ils peuvent soutenir ce mouvement intérieur : offrir un moment où l’on se sent un peu plus en paix dans son corps, un peu moins en guerre contre soi-même. C’est souvent dans ces parenthèses de douceur que naît la possibilité de se dire : « Comme je suis, j’ai le droit d’exister, d’aimer et d’être aimé. »

Ce bain n’est pas une solution miracle. C’est un geste de respect envers soi, une petite cérémonie intime pour revenir à son propre corps comme à une maison possible, sans masque, sans justification, avec douceur.

Si vous souhaitez le découvrir, voici le lien. >>>

Pour aller plus loin

Pour explorer son orientation sexuelle avec bienveillance, et ancrer ce cheminement par de petits rituels olfactifs, deux repères complémentaires :

The Queer & Transgender Resilience WorkbookAnneliese A. Singh : un workbook pas-à-pas pour clarifier son identité, apprivoiser l’auto-jugement et renforcer l’estime (exercices, journaling, outils de communication). Tu peux y greffer des micro-ancres olfactives avant/après les exercices (inhalation 60 s) pour soutenir la régulation émotionnelle. 

Fragrance & Wellbeing: Plant Aromatics and Their Influence on the PsycheJennifer Peace Rhind : une référence sur l’impact des parfums végétaux sur l’humeur, la mémoire et le stress, utile pour créer des rites personnels de sécurité et d’affirmation (ancrage : santal/encens; réconfort : rose/néroli). 

Ces ressources ne remplacent pas un accompagnement médical ou psychothérapeutique; elles offrent un cadre méthodologique (travail guidé sur l’identité) et sensoriel (olfaction) pour avancer à ton rythme, avec respect et douceur.

Conclusion — s’aimer assez pour rester soi

Je ne cherche pas l’amour de soi parfait. J’essaie de déplacer l’aiguille : une odeur qui ouvre, une respiration, un pas de lien sûr. L’acceptation pousse rarement d’un bloc ; elle grandit avec des gestes répétés. Un pas à la fois, c’est suffisant pour aujourd’hui.

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