Sommes-nous heureux par choix ou par chance ?
Christian St-PierreCe qui nous arrive… et ce que nous en faisons
Je me pose souvent cette question : est-ce que les gens heureux le sont parce qu’ils ont une vie plus facile, ou parce qu’ils ont développé une façon différente de la traverser ? On pourrait croire que tout se joue dans les circonstances : le travail, la santé, l’argent, le couple, les hasards favorables.
Pourtant, plus j’observe, plus je vois autre chose : une sorte de mouvement intime, presque invisible, qui commence bien avant les événements. Une manière de se lever le matin et de décider, sans grande déclaration, de ne pas laisser chaque petite contrariété dicter le ton de la journée. Rien n’est réglé pour autant, mais le regard change, et avec lui, la place que prennent les problèmes.

Les recherches en psychologie positive montrent que notre niveau de bien-être ne dépend qu’en partie des conditions de vie. Une portion vient de notre tempérament, une autre de nos circonstances, mais il reste toujours une marge, cette zone où nos gestes, nos habitudes et notre façon de penser finissent par peser.
Ce n’est pas de la pensée magique : c’est une construction lente. Jour après jour, on installe des bases intérieures qui permettent d’encaisser les coups sans se dissoudre complètement. On apprend à faire une différence entre ce qui nous arrive et ce que l’on devient à travers ça. Et, presque sans qu’on s’en aperçoive, cette stabilité intérieure change aussi la manière dont on se présente aux autres.
Le bonheur comme construction, pas comme cadeau
Je ne crois pas au bonheur lisse, sans accroc. La vie ne s’aligne pas comme ça. Par contre, je crois profondément à l’idée d’un bonheur qui se construit, couche après couche, à partir de petites choses très simples.
Une bonne nuit de sommeil quand c’est possible.
Un repas que l’on prend le temps de goûter.
Une marche qui remet un peu de mouvement dans le corps alors que la tête est pleine.
Une conversation où l’on se laisse réellement toucher.
Ces gestes anodins changent quelque chose de subtil en nous : ils nous rendent un peu plus disponibles. Et cette disponibilité crée un léger déplacement dans nos relations :
Un visage qu’on ose regarder.
Un sourire auquel on répond.
Une phrase qu’on aurait retenue et qu’on finit par dire.
Les épreuves, elles, ne disparaissent pas. On perd un être cher. On se heurte à la fatigue, à l’anxiété, aux doutes, à la déception. Mais à un moment, on peut choisir ce que ces moments-là deviennent : des fractures qui nous referment, ou des étapes, souvent douloureuses, mais qui forcent à revoir notre façon de vivre.
Et c’est souvent là, dans ces replis, qu’on découvre la timidité sous un autre angle, non plus comme un mur, mais comme une protection qu’on peut apprivoiser doucement. Pas pour devenir extraverti, mais pour s’autoriser de petites ouvertures qui, avec le temps, créent des liens vrais.
C’est pour ça que je vois le bonheur non pas comme un état figé, mais comme une capacité : celle de continuer à avancer, même avec les cicatrices, et parfois grâce à elles. Cette capacité inclut aussi nos relations. On ne devient pas sociable par miracle : on devient accessible parce que quelque chose en nous se dénoue.
Peut-on se donner des outils pour poser les bases du bonheur ?
Dans tout ce travail intérieur, le corps et les sens ont une place immense. On ne change pas d’état par la seule volonté. On a besoin d’un environnement qui nous aide à descendre de quelques crans, à retrouver un peu de douceur. Une odeur peut faire exactement ça : ouvrir une fenêtre à l’intérieur quand tout semble coincé.
Certaines huiles essentielles apportent de la chaleur quand on se replie (orange douce, cardamome), d’autres recentrent et apaisent (géranium Bourbon), d’autres encore donnent une impression de bois sec et de stabilité silencieuse (amyris, cèdre de Virginie). Elles ne créent pas le bonheur, mais elles préparent le terrain. Elles permettent à l’intérieur de se déposer assez pour que l’extérieur redevienne moins intimidant.
Dans cet esprit, je me suis aussi amusé à créer un sel de bain avec ce type de synergie : une base de sels minéraux, mêlée à ces notes d’agrumes, d’épices douces et de bois. Rien de spectaculaire, juste un bain tiède qui devient un endroit tranquille où le corps se réchauffe, où le repli se détend un peu, où la proximité, avec soi-même et avec les autres, redevient possible. Ce n’est pas un traitement, ni une solution miracle, seulement un geste sensoriel qui aide le système à se sentir en sécurité. À découvrir ici >
Et c’est là que quelque chose de très simple se met en place : plus l’on devient doux avec soi, plus on a de la marge pour être bon avec les autres. Un mot moins sec, un sourire qui revient, une écoute un peu plus vraie. On ne force rien, on laisse juste une porte entrouverte. Et cette ouverture, minuscule mais régulière, finit par créer des liens.
Au fond, je crois que le bonheur se nourrit surtout de ces petites choses-là : un environnement qui apaise, quelques gouttes d’huiles qui soutiennent les soirs plus lourds, et ce choix discret de rester un peu présent au monde, même quand on aurait envie de se retirer.